L'angle mort de l'excellence : Quand la performance devient toxique
Bienvenue dans cette nouvelle édition. Que vous soyez là depuis le début ou si vous venez de me découvrir, merci de me lire ❤️.
"Il faut que tu sois parfaite pour ne pas faire de soucis aux autres."
Cette phrase de Christine résonne-t-elle en vous ?
Combien de dirigeants se sont construits sur cette injonction silencieuse, transformant leur plus grande force en leur plus dangereux angle mort ?
AU PROGRAMME
✨ L'anatomie de l'angle mort de l'excellence : Comment nos qualités deviennent nos pièges
✨ Les signaux d'alarme que vous ignorez probablement
✨ La transformation possible : De la performance toxique à l'impact authentique
Bonus : Comprenez pourquoi votre définition de la réussite pourrait être votre plus grande limitation.
🎙️ INSPIRATION DU JOUR
Écoutez l'épisode complet avec Christine Pliso, qui nous raconte comment un AVC à 28 ans l'a forcée à révéler son angle mort le plus coûteux. Une histoire de résilience qui redéfinit complètement ce que signifie "réussir sa vie".
IMMERSION : Deux visages de l'excellence toxique
L'étudiante modèle devenue machine de guerre
Christine avait tout pour réussir. Excellente élève, fille aînée responsable après la perte précoce de son père, elle incarnait la perfection. "Ma vision de la performance, c'était la fierté des autres", nous confie-t-elle.
À 28 ans, directrice commerciale, elle réalise 250% de ses objectifs avec un turnover quasi inexistant.
Elle travaille 60-70h par semaine, fait 8h de route par jour, envoie des mails motivationnels chaque soir.
Résultat ? Une promotion en vue et... un AVC.
Le moment de bascule ?
"Quand j'ai demandé aux infirmières pendant combien de temps j'allais être arrêtée. Encore la question du travail."
Même dans son lit d'hôpital, sa première préoccupation était professionnelle.
Le réveil brutal du corps
"À ce moment-là, j'ai compris que tout serait différent, que les curseurs n'étaient plus au même endroit", explique Christine.
Son corps avait dit stop à sa place.
L'excellence qu'elle poursuivait depuis l'enfance avait failli la tuer.
Aujourd'hui fondatrice de Skillie, elle dirige avec ses proches, mélange vie personnelle et professionnelle, et place sa grossesse comme priorité absolue. "Ma vie personnelle, c'est toujours la priorité. C'est toujours le top 1 des priorités, peu importe ce qui arrive."
DÉCRYPTAGE : L'angle mort de l'excellence
La construction de l'enfant "parfait"
Les neurosciences et la psychologie développementale montrent que nos schémas de performance se construisent très tôt.
Le rôle de "sauveur familial" après la perte d’un parent
L'identification aux attentes extérieures plutôt qu'aux besoins intérieurs
La confusion entre être aimée et être performante
Selon Donald Winnicott, ce mécanisme conduit à la création d’un "faux self" : une personnalité façonnée pour répondre aux attentes des autres, au détriment de l’authenticité et de la spontanéité.
Avoir un faux self très fort empêche les gens d’agir selon leur spontanéité et leur créativité (Winnicott, 1960).
Le piège neurologique de l'excellence
Le cerveau des "excellents" développe une dépendance à la dopamine liée à la reconnaissance externe.
Plus ils performent, plus ils ont besoin de performer pour ressentir la même satisfaction.
Ce cercle vicieux est documenté par la théorie de la "sensibilisation incitative" de Berridge & Robinson, qui distingue le "wanting" (désir) du "liking" (plaisir) : la dopamine alimente le désir de récompense, sans garantir le plaisir durable.
"Le système dopaminergique devient hypersensible aux signaux de récompense, ce qui peut entraîner une escalade de la recherche deperformance. (Berridge & Robinson, 2016)
Christine l’illustre parfaitement : "250% d'objectifs, c'était une fierté immense. 75% d'augmentation du chiffre d'affaires, c'était cool mais pas aussi excitant."
APPROCHE SYSTÉMIQUE : Les trois niveaux d'impact
Niveau Personnel
Signaux à repérer :
Épuisement constant masqué par l'hyperactivité
Incapacité à dire non sans culpabilité
Définition de soi uniquement par ses réalisations
Dynamiques :
Le "moi authentique" disparaît derrière les performances.
L'estime de soi devient entièrement dépendante du regard externe.
Actions :
Identifier ses vraies valeurs vs. celles héritées de l'enfance.
Niveau Équipe
Signaux :
Équipes qui performent par peur de décevoir plutôt que par motivation intrinsèque
Culture du sacrifice présentée comme "engagement"
Burnouts silencieux dans l'entourage
Dynamiques :
Le leader "excellent" crée inconsciemment une culture de performance toxique.
La littérature sur le burnout souligne que l’excès de pression, la surcharge de travail et la reconnaissance insuffisante sont des causes majeures d’épuisement professionnel.
Actions :
Modéliser l'équilibre plutôt que l'excellence à tout prix.
Niveau Organisation
Signaux :
Performance à court terme au détriment de la durabilité
Turnover des talents les plus sensés
Culture du "toujours plus"
Dynamiques :
L'organisation devient dépendante de ses "héros" épuisés, ce qui fragilise sa résilience à long terme.
Actions :
Redéfinir les critères de succès organisationnel.
TRANSFORMATION : Les 5 étapes pour sortir de l'angle mort
1. RÉVÉLATION – Identifier votre définition toxique du succès
Exercice : Terminez cette phrase 10 fois : "Je réussis quand..."
Observez : combien de réponses dépendent du regard des autres ?
Exemple : Christine a réalisé que sa définition était "faire plaisir aux autres" plutôt que "être authentiquement moi-même".
Indicateur : Malaise face à la dépendance aux facteurs externes.
2. ACCEPTATION – Accueillir la vulnérabilité
Exercice : Partagez une difficulté professionnelle avec un proche sans minimiser ni justifier.
Exemple : "J'ai commencé à mettre des morceaux de ma vie personnelle dans mon travail... ça créait du lien", témoigne Christine.
Indicateur : Vous cessez de porter un masque de perfection constante.
3. REDÉFINITION – Créer votre propre référentiel
Exercice : Listez 5 moments où vous vous êtes senti vraiment vous-même, indépendamment des résultats obtenus.
Exemple : Pour Christine, c'est devenu "donner le meilleur de soi-même" plutôt que "être la meilleure".
Indicateur : Vos décisions se basent sur vos valeurs intrinsèques.
4. INCARNATION – Ajuster vos curseurs
Exercice : Définissez votre "non négociable" personnel et respectez-le une semaine entière.
Exemple : Christine place désormais sa vie personnelle en priorité absolue.
Indicateur : Moins de culpabilité à prendre soin de soi.
5. RAYONNEMENT – Devenir un modèle d'authenticité
Exercice : Montrez à votre équipe qu'il est possible d'être performant ET équilibré.
Exemple : L'équipe de Christine post-AVC : "Ils avaient l'impression que ça allait encore mieux qu'avant... j'étais beaucoup plus alignée avec moi-même".
Indicateur : Votre entourage professionnel se sent autorisé à être plus authentique.
INSPIRATION : Le pouvoir transformateur des épreuves
"Je suis contente de la personne que je suis aujourd'hui et je sais que c'est aussi lié à cet événement-là", confie Christine à propos de son AVC.
Voici les trois principes qu'elle a intégrés et qui transforment sa façon de diriger :
1. L'authenticité comme levier de performance
Plus elle est elle-même, plus son impact est grand. Fini le masque de la perfection.
2. La vulnérabilité comme force de leadership
Montrer ses failles crée de la connexion authentique, pas de la faiblesse.
3. L'équilibre comme condition de durabilité
"Ma vie personnelle, c'est toujours la priorité" – un curseur qui garantit la performance à long terme.
Message à retenir :
Vos angles morts les plus dangereux sont souvent vos qualités poussées à l'extrême. L'excellence n'est toxique que quand elle devient une prison.
POUR ALLER PLUS LOIN
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